J’enflammerai votre imagination avec le délice de ma promesse,
Je vous couronnerai dans l’excellence de mes rêves,
Je voilerai le ciel de vos désirs des étoiles étincelantes de ma création,
Je n’apporte pas la vérité, mais la liberté.
A. Scriabine
L’oeuvre de Scriabine est l’une des plus originales de toute la musique ; totalement révolutionnaire, au même titre que celles de Schönberg, Bartók, Prokofiev ou Stravinski, bousculant de manière irréversible la tonalité, inventant comme Chopin ses propres formes, développant une esthétique de la miniature en droite ligne des tentatives du dernier Liszt, exploitant des horizons harmoniques et des espaces sonores inédits dont Messiaen se souviendra, pour ne rien dire de Berg, Szymanowski ou de compositeurs plus proches de nous, tels Stockhausen ou Cage, Scriabine fait poser à la musique des questions qu’elle ne se posait pas avant lui.
Créateur à la charnière du bousculement des mondes entre XIXe et XXe siècles, partagé entre romantisme total et modernisme radical, mystique absolu et prophète d’un nouveau monde, Scriabine a fait de l’art une sorte de religion et d’initiation magique appelées à transformer la vie. Cent ans après sa mort, il est plus que jamais notre contemporain.
“Alexandre Scriabine ou l’Ivresse des sphères” signée Jean-Yves Clément, écrivain, poète, éditeur, et organisateur de festivals, cette monographie rend toute la mesure de l’originalité du compositeur russe, les éditions Actes Sud.